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nicolas sarkozy - Page 3

  • Puceau

    À Sarkozy, à Enthoven père et fils, et à Arno Klarsfeld, il faut ajouter, paraît-il, Laurent Fabius et Patrick Besson. Celui-ci a écrit élégamment quelque part qu'il avait "servi dans le même corps que le président de la République". Ça doit être de Sacha Guitry ou de quelque autre auteur de boulevard apprécié de Besson ; les citations aussi peuvent resservir.

    Moi je peux me vanter de n'avoir pas été attrapé par Carla Bruni ! Ou presque, vu qu'à dix-sept ans, j'ai quand même été amoureux d'elle quelques jours, à la suite d'une interviou à la télé. Mais c'est resté platonique, et c'était inévitable : la conversation d'une aristo italienne ne pouvait manquer de produire une forte impression sur le jeune lycéen provincial que j'étais alors.
    Aujourd'hui, si j'étais Président de la République, quitte à prendre un modèle, j'en prendrais un plus récent. Ou quitte à prendre une chanteuse, je prendrais plutôt Rihanna. Et si la conversation n'était pas à la hauteur du reste, eh bien tant pis, on ne causerait pas.
    Patrick Besson a l'air d'être fier d'être passé avant le président ; aurait-il été aussi fier s'il était passé après ?

    *

    J'espère qu'on ne m'en voudra pas trop de ces propos profanes incongrus quand la ferveur de Noël touche même Jean-Marie Bigard…
    Un slogan dans le métro : « REVENDEZ VOS CADEAUX DE NOËL SUR PRICEMINISTER.COM ! » Carla est-elle en train d'inventer le président-Kleenex ? Ah, quand même, Carla, si j'étais plus jeune…

  • Au crépuscule

    Je sais pas si c’est l’appel de Sarkozy à se convertir à la foi catholique, mais la basilique était pleine comme un œuf pour la messe de minuit ! Un peu plus et on refusait du monde à l’entrée…

    Le curé parle de la “joie de Noël” ; faut croire que je suis un peu pisse-vinaigre vu que personnellement je ne me sens pas joyeux mais plutôt las ; trop de folklore dans ces agapes. Les païens évolutionnistes n’ont pas su inventer leurs propres cérémonies, leurs propres cantiques, alors ils se rabattent sur ceux de leurs grands-parents, sans grande conviction, ils pointent leur nez à la messe de minuit, histoire de.
    Il y a des regards curieux tournés vers les grandes orgues, vers les enfants de chœur en aubes blanches et les volutes d’encens. Ils n’ont jamais vu le Jour du Seigneur à la télé, ou quoi ? En vrai c’est jamais pareil.

    Pour me protéger du courant d’air près de la porte, je me suis agglutiné à un groupe d’une trentaine de personnes, parmi lesquelles il y a quelques jeunes couples, qui se tiennent debout enlacés ; ils ont l’air contents d’être là et se pelotent même un peu pour marquer le coup. L’ambiance est bizarre, je me sens comme un étranger dans cette foule. Je suis soulagé de sortir dans le froid et de déambuler seul dans les rues recouvertes de givre, quelques glissades en fredonnant des cantiques : « Vexilla regis… ». Serais-je vraiment en train de devenir misanthrope ? Au début j’avais pourtant un côté boute-en-train…

  • Candidat !

    Une amie me fait cette remarque impertinente que j’aurais tendance à me prendre pour le pape. Ça vaut toujours mieux que de se prendre pour le président de la République !
    Elle réplique que je me prends AUSSI pour le président de la République !
    Tant que les femmes vivront plus longtemps que nous, elles auront le dernier mot.

    Du reste, je suis théoriquement éligible au trône de Pierre, qui n’est pas réservé à un cardinal ni même un ecclésiastique. La date du prochain scrutin et ses conditions sont entre les mains de Dieu, mais je ne vois pas ce qui pourrait m’empêcher de dévoiler les grandes lignes de mon programme à l’avance, pour ne pas être pris au dépourvu.

    *

    Parmi les mesures d’urgence que je prendrais, il y aurait l’interdiction faite au clergé de prononcer des sermons jansénistes ou existentialistes. Evidemment, parler en paraboles comme Jésus exige un sens de l’épopée et du conte qui n’est pas une vertu très répandue parmi les curés contemporains qui n’étudient pas Cervantès à l’école, hélas.
    Mais la littérature chrétienne regorge de passages magnifiques, de Bossuet, de Baudelaire, de Bloy - ou de Péguy, de Claudel, pour prendre des auteurs plus modernes ; on pourrait se contenter d’en lire des morceaux au lieu d’infliger à des assemblées démocrates-chrétiennes, c’est-à-dire déjà à moitié païennes, des dissertations complètes de philo. J’observe que dans ma paroisse, le mauvais penchant à philosopher n’a fait qu’augmenter depuis l’élection de Benoît XVI. Il n’est plus un curé, aussi petite et reculée soit son “secteur”, qui ne se prenne désormais pour saint Thomas d’Aquin.

    De façon pratique et vu le paganisme galopant en France, le clergé s’efforçant dans sa grande majorité de contredire les ordres du Vatican, le plus efficace serait de prendre un décret interdisant carrément aux prêtres de prêcher et d’abandonner ce petit jeu aux protestants.

    *

    Deuxième mesure d’urgence, vu que refaire de la politique est essentiel et urgent pour l’Eglise catholique, et qu’on ne peut pas faire de politique sans hommes, j’ordonnerais une conscription générale pour remplir de nouveau les séminaires. Tous les catholiques de sexe masculin de vingt à cinquante ans seraient mobilisés, détournés pour leur plus grand profit et celui de la société de la “vie de couple”. On serait d’ailleurs surpris de constater que les hommes de trente à cinquante ans sacrifient, si ce n’est la sexualité, du moins cette merveilleuse “vie de couple”, sans trop de regrets.
    Seuls les pères de familles vraiement nombreuses seraient acquittés, ainsi que ceux qui s’acquitteraient d’une taxe qui financeraient les études et le logement des séminaristes les plus déshérités

    *

    Un dernier point d’actualité. Recevrais-je au Vatican si j’étais élu pape Nicolas Sarkozy et sa bande de potes, Jean-Marie Bigard, Alain Delon ou Bernard Arnault ? Bien sûr, mais à condition qu’ils soient vêtus comme les bourgeois de Calais et non en costumes rayés de maquereaux ripoublicains. Dans ces conditions il n’y a aucune raison d’interdire à Zachée de pénétrer dans la ville sainte.

  • L'existentialisme est un onanisme

    On comprend mieux maintenant l’engagement politique de Raphaël Enthoven contre Nicolas Sarkozy ; entre la droite saumon et la gauche caviar, il y a une brindille : Carla Bruni.
    Après Cécilia et Laurence Ferrari, le goût du président pour les peaux de vache, les matrones, se confirme. Un masochiste ?

    Au-delà de cette remarque existentialiste, on voit que Sarkozy est un petit malin. Il n’y a pas de carrière politique durable sous la Ve République, sans le support d’une classe sociale ou d’un bloc électoral à peu près stable. Mitterrand avait choisi intelligemment de s’appuyer sur les fonctionnaires ; et Chirac plutôt sur les agriculteurs “fonctionnarisés”.
    Sarkozy, lui, a choisi la ménagère de plus de cinquante ans. Entre “Dallas” et “Les Feux de l’Amour”, il est à peu près sûr de la faire jouir.

    Après tout, les ménagères de plus de cinquante ans valent bien les bobos que François Bayrou et Ségolène Royal se disputent. Elles ont le goût plus sûr et sont plus fidèles.

  • Avent bourgeois

    En plein Avent, le bon saint Nicolas Sarkozy s’est avisé qu’Ingrid Bettancourt ferait une dinde de Noël parfaite. Il faut faire vite car quelques cocktails au Fouquet’s et au Café de Flore seront nécessaires pour la remplumer.

    Si au moins pour le Nouvel An païen elle pouvait être à point… Prions, mes frères !

  • Opposition de principe

    La querelle entre BHL et Sarkozy, c’est :
    « - Vas te faire voir au Café de Flore !
    - Et toi, vas te faire voir au Fouquet’s ! »


    BHL et Sarko sont les Gault et Millau de la politique ; même pas la classe, comme Proust, de fréquenter le Ritz. Décadents ET dépourvus de style.

    *

    On aurait tort de voir d’un côté un homme d’action, Sarkozy, de l’autre un intellectuel passif. C’est le contraire, la marge de manœuvre de Sarkozy est quasiment nulle tandis que BHL a œuvré avec efficacité pendant toute sa carrière pour imposer sa culture libérale. Il s’est comporté dans le pré carré des lettres françaises comme un néo-colonialiste yanki au Vietnam ou en Irak, en commando terroriste.

    Le plus bourgeois des deux, c’est encore BHL. Sa haine de Poutine est caractéristique. C’est son instinct qui parle là, et il est plus sûr que celui de Sarkozy.
    La Russie orthodoxe et marxiste, qu’est-ce qui peut menacer plus les valeurs bourgeoises décadentes derrière lesquelles BHL abrite son absence de talent véritable ?
    BHL est l’héritier des "idées" de Fouquier-Tinville, et, plus près, de Goebbels et d’Hitler. BHL c'est l'anathème bourgeois.
    (Sarkozy, lui, vu qu’il paye des experts pour avoir des idées à sa place, on ne peut pas le juger avec rigueur de ce côté-là.)

  • Politique libérale

    On se demande comment améliorer les résultats à l'Université, les performances des étudiants ? On ne se le demandera pas longtemps, la solution est toute trouvée : il suffit d'appliquer la recette qu'on a appliquée au baccalauréat et dans quelques années les statistiques seront brillantes.

    Cette politique a en outre l'avantage de faire l'unanimité, des libéraux de droite aux libéraux de gauche en passant par les démocrates-chrétiens.

    Les syndicats communistes de l'enseignement ont la réputation d'être marxistes, mais ils ne se sont jamais réellement opposés à l'introduction de la culture bourgeoise dans les écoles, les mathématiques préférées au latin, l'anglais au grec, les baskets en plastique Nike préférées à l'uniforme, l'autorité de l'élève préférée à celle du maître, Harry Potter préféré à Kipling, les gadgets informatiques préférés à l'effort d'apprendre à écrire, la propagande démocratique préférée à l'Histoire, la vieille philosophie ringarde préférée aux sciences humaines modernes... Ces syndicats sont en réalité bien plus proches de l'esprit de mai 68, du libéralisme de gauche de Cohn-Bendit, qui incarne le social-traître contemporain à la perfection, l'antimarxisme, incapable d'exprimer de façon cohérente autre chose que ses "désirs" sexuels.

    Les syndicalistes de l'Education nationale sont opposés à Sarkozy et à Pécresse par principe, mais il ne faut pas leur demander pourquoi.

    Le démocrate-chrétien Xavier Darcos est probablement plus intelligent que Nicolas Sarkozy, Valérie Pécresse et Benoît Julliard réunis, mais on peut compter sur lui pour ne surtout pas essayer de changer le cours des choses et pour cautionner mollement toutes les réformes "libérales" de ces charlatans.

    *

     Dernière minute : j'apprends que Luc Ferry approuve chaudement la réforme Sarkozy-Pécresse. Tout est dit. Si ce crétin exemplaire de Luc Ferry approuve la réforme, c'est forcément que c'est la plus idiote possible, à la fois nocive pour l'humanisme et pour notre économie.

  • La cote des "valeurs actuelles"

    Après avoir convoqué le fantôme de l’identité française au cours de sa campagne afin de subjuguer tout ce que le pays peut compter comme nationalistes ringards, comme nostalgiques de la IIIe République, et ce n’est pas ça qui manque, des gaullistes à Chevènement en passant par Finkielkraut, Henri Guaino, Paul-Marie Coûteaux, Maurice Dantec, etc., Sarkozy s’est mis en tête de gouverner la France comme un hypermarché.

    Il fait penser à cet embobineur du BHV qui ne lâche pas le micro une minute pour débiter à la clientèle des encouragements à se jeter sur tel ou tel nouveau gadget indispensable, le porte-jarretelle à contention discrète ou le révolutionnaire couteau électrique à couper le beurre, le dernier prix Goncourt.
    Le clientélisme officieux de la République est devenu la politique officielle de la France, le new deal de Sarkozy. La IIIe République est à son comble.

    *

    Paraît que du beauf au bobo de droite, le président fait un tabac dans les chaumières. On veut bien le croire. Le nouveau téléphone portable-rasoir électrique aussi, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive de l’arnaque. Pour certains, ça peut prendre un certain temps.
    Le premier “fan” de Sarkozy, celui que je tiens pour le plus authentique, c’est sûrement Loïc Le Meur, blogueur insipide qui surfe sur la vogue avec désinvolture. Le plastique, c’est fantastique ! Petit Pangloss "high tech".

    *

    On en revient à l’expression grossière d’“identité française”. Le phénomène qui s’en rapproche le plus, c’est sans doute le scepticisme auquel se heurte plus ou moins la “politique” de Sarkozy - plus ou moins vu que l’esprit bourgeois, les chimères de la philosophie républicaine, polluent l’atmosphère depuis belle lurette maintenant. Il serait injuste de voir en Sarkozy un pur produit d’importation.

  • Favoritisme

    De toutes les miss, moi mon béguin, celle que je préfère de loin, c'est la "Miss Droits-de-l'Homme". Elle n'est pas comme tous ces pantins à peine articulés qui représentent les provinces de France, sous la houlette de la Belle de Fontenay ; non, elle a du corps, du répondant, Rama Yade.

    Quand je la regarde, sa belle noirceur brillante, son air boudeur, elle me ferait presque oublier la trahison de Christine Boutin, voire la vulgarité de Roselyne Bachelot et de Valérie Pécresse réunies. Bien sûr, à force de répéter qu'elle a fait "Sciences-po", elle finira par ressembler à une sorte de Bernadette Chirac squattant un corps de reine, mais en attendant, c'est la reine du harem ! (Comme quoi Sarkozy n'a pas systématiquement mauvais goût et j'exagère un peu.)

    Paraît que Kadhafi a exigé qu'on lui organise une chasse à courre en forêt de Rambouillet, histoire de se cultiver. S'il avait eu un peu plus d'humour, il aurait demandé à ce qu'on lâche Rama Yade dans le bois, histoire de joindre la détente à la culture. Mais on ne plaisante pas avec les droits de l'homme. Ils sont trop sérieux pour qu'on ne leur consacre pas au moins un petit édito dans "Libé" ou "Le Figaro".

     

  • Lettres persanes

    Un brave musulman qui débarquerait ces jours-ci à Paris, en plein avent, ignorant tout de notre culture démocratique, serait probablement sidéré par la superstition de mes concitoyens - voire effrayé par cette frénésie d'achats de gadgets variés en plastique multicolore, ces grappes d'êtres humains sans grand destin. Il faut le voir pour le croire, à la télé c'est pas pareil.

    J'hésite à faire une campagne d'affichage devant l'école au bas de ma rue : "LE PERE NOËL N'EXISTE PAS, ON SE FICHE DE VOTRE POIRE DE 2 A 77 ANS !". Des gamins de six ans au bas mot ! Ils ne parlent que de ça en ce moment, du père Noël et de Nicolas Sarkozy, comme leurs parents.

    Leurs journées ces mômes les passent en compagnie d'un "professeur des écoles", pendant que leur mère tient une caisse ou joue les secrétaires plus ou moins polyvalentes ; ces "petits profs" descendent des fameux "hussards noirs", censés avoir éradiqué l'obscurantisme "moyenâgeux" (ou "musulman", c'est la même chose dans le dictionnaire des synonymes actuel).

    *

    Je sais bien que les mères de ces pauvres gosses ont une influence sur leurs rejetons encore plus délétère que ces instituteurs, disposés pour la plupart d'entre eux, si le rectorat les y autorisait, à affranchir leurs élèves sur Nicolas Sarkozy ou le père Noël, mais qui n'osent pas le faire de peur de se compromettre.

    Qu'est-ce que ça donnera tout ça plus tard quand ils seront plus grands ? Encore plus d'électeurs pour Sarkozy ? Un million d'exemplaires pour la suite d'Harry Potter ? Bernard Arnault président de la République ?

    Sarkozy n'est qu'un problème conjoncturel. Le mal est déjà fait. Un autre phénomène ne trompe pas, plus récent que le Père Noël, qui peut presque passer pour une "tradition", ce sont les Martiens. Oui, les Martiens. Il y a de plus en plus d'adultes dits "raisonnables", c'est-à-dire qui lisent "Le Monde" ou "Libé", qui croient aux Martiens. Je l'ai constaté ici ou là, au turbin, au café, dans des dîners. D'ici peu il sera possible de rééditer la blague d'Orson Welles, les extra-terrestres débarquent... EN FRANCE ! Evidemment, quand on croit que l'homme descend du singe ou de l'amibe, pourquoi les petits hommes verts ne débarqueraient pas dans des soucoupes volantes, après tout ?

    Je te le jure, ami Persan, sur la démocratie et toutes les croyances modernes, ça n'a rien d'un conte de Noël.

  • Le temps des "Experts"

    Sarkozy ne parle pas d'"historiens" mais d'"experts". A force de fréquenter des beaufs milliardaires et des journalistes idiotes, ça finit par déteindre sur son vocabulaire.

     Il est vrai que parler d'historiens dans un pays où les historiens sont fliqués par la loi Gayssot, où les bouquins et les disques sont "certifiés non-conformes" par la FNAC, dans un pays où l'enseignement de la morale républicaine manichéenne passe par l'enseignement de l'histoire au collège et au lycée, c'est plus pudique de parler d'experts.

    Essayez de causer histoire avec un gaulliste, immanquablement vous basculerez dans la "mythologie De Gaulle". Peu de chance que Sarkozy demande pardon pour la politique de décolonisation criminelle de De Gaulle, "du pétrole contre des harkis", lui qui pratique les droits de l'homme à géographie variable.

    *

    Plus précisément je dirais : des experts en déminage, vu que l'histoire contemporaine est un terrain miné.

    La propaganda capitaliste vise à faire le maximum de bruit autour des crimes d'Hitler, comme si la bourgeoisie libérale allemande, les Krupp, les Thyssen, Von Papen & cie, n'avait pas vu en Hitler un homme providentiel - d'autre part le maximum de bruit sur les crimes de Lénine et de Trostski, comme si ce n'était pas la guerre de 14-18 avant tout qui avait abattu le régime tsariste et plongé l'empire russe dans l'anarchie.

    Omerta en revanche sur les crimes des Yankis, des Britanniques et, accessoirement, des Français, vu que ceux-ci n'ont joué qu'un rôle accessoire, se contentant de déclarer la guerre à l'Allemagne, en quelque sorte. Les Français sont toujours fortiches pour les grandes déclarations depuis la Révolution, c'est bien connu.

    L'accusation de révisionnisme peut péter à la gueule de l'historien-expert contemporain à n'importe quel moment s'il se montre imprudent, ne serait-ce que dans le choix des mots. En France on n'a jamais connu une telle censure auparavant, sauf peut-être sous Napoléon.

    Un exemple tiré de la Quinzaine littéraire (16-30 novembre) ; un certain Enzo Traverso y rend compte de l'ouvrage d'un expert anglo-saxon, Christopher Browning, au style de garagiste d'ailleurs tout à fait typique de l'expert patenté.

    Où on démontre que la "Solution finale" est une construction intellectuelle a posteriori (une bombe !) tout en martelant cette expression de "Solution finale" comme pour mieux l'ancrer dans les esprits faibles. L'historien-expert sait faire la part de l'histoire et de la propagande. Il compte sur les romanciers débiles comme J. Littell pour élever la propagande au rang de chef-d'œuvre.

    "(...) Ils caressaient [les nazis] le projet de les déporter à Madagascar, un projet auquel ils ne renoncèrent que pendant l'automne 1940, lorsqu'ils comprirent que la résistance britannique en entraverait la réalisation."

     "La naissance des ghettos en Pologne (...) ne s'inscrivait pas encore dans un projet meurtrier. Elle visait à résoudre, en termes pratiques, le problème de la colonisation germanique du Wathergau. Résultat d'une interaction complexe entre choix idéologique, stratégie militaire, politique de colonisation des territoires conquis et "dynamique bureaucratique" des multiples segments de l'administration nazie."

    Au centre de l'"interaction complexe", comme dit ce cuistre, il y a surtout la défaite militaire de l'Allemagne nazie, son entêtement ainsi que celui des Anglo-saxons à persévérer dans une guerre perdue pour l'Allemagne dès 1941-42. La souffrance des prisonniers allemands n'a d'équivalent que la souffrance des populations civiles allemandes au même moment.

    Pour gommer l'impression défavorable que son bouquin pourrait laisser à une cervelle contemporaine, malgré ses précautions, on ne sait jamais, Browning compense avec un témoignage pour illustrer la cruauté des nazis.

    "Je vise déjà calmement et tire fermement sur un grand nombre de femmes, d'enfants et de bébés (...) les bébés volent en l'air dans un large cercle et nous les abattons en vol avant qu'ils ne tombent dans une fosse et dans l'eau."

    Ce témoignage est censé être celui d'un policier viennois, W. Mattner, écrivant à sa femme (!). Cherchait-il un prétexte pour qu'elle le quitte ? On peut s'interroger sur la valeur d'un tel témoignage et sa présence dans un bouquin d'histoire sérieux ; un témoignage de nature à faire sourire un autre genre d'expert - en balistique cette fois.